LE PORTANT

Après avoir défini la fonction des principales commandes du laser puis décrit les réglages du dériveur au près, nous abordons ici l'allure du portant.

Le "portant" désigne, dans une acceptation large, l'ensemble des allures comprises entre le vent de travers et le vent arrière. Mais le point de vue du régatier, que nous adopterons dans cet article, est plus restrictif. Considérant uniquement les allures constituant le "triangle olympique", il limite le portant (schéma 1) :

Relativisons toutefois la rigueur de cette restriction. Dans la réalité, le vent fluctue autour de sa direction moyenne, ce qui détermine une plus grande variété d'allures portantes.

Il n'est ainsi pas rare de voir le vent s'écarter de 20° de l'axe du parcours sans que cette variation motive un changement de parcours. Sur cet exemple, la gamme des allures suivies au largue s'étendra de 115° à 155° du vent.

Est-il alors légitime de traiter dans un seul chapitre un éventail d'allures aussi ouvert  ? Nous le pensons en raison de l'existence d'une similitude majeure entre elles : au portant, l'ouverture de l'angle voile-bateau entraîne une réduction de la composante de gîte de la force aérodynamique et donc du couple de chavirage.

Ceci autorise le pratiquant à rechercher en permanence l'intensité maximale de la force aérodynamique, à l'inverse du près, où il devient rapidement nécessaire de la réduire afin de maintenir le bateau plat (schéma 2).

Cette similitude ne doit toutefois pas masquer l'existence d'une différence essentielle entre largue et vent arrière :

Cependant, les courbes polaires de vitesse du Laser montrent que la trajectoire directe permet un très bon rendement. En effet, celles-ci ne favorisent pas le "louvoyage vent arrière" afin de maintenir l'écoulement laminaire, comme il est constaté en catamaran ou sur des "dériveurs modernes".

  • REGLAGES DU HALE-BAS
  • La recherche d'une force aérodynamique maximale aura pour conséquence directe la diminution, par rapport au près, de la tension de hâle bas. Ainsi creusée, la voile sera plus puissante. Mais quel repère de réglage utiliser ? Un nouveau repère devient prépondérant et s'ajoute à ceux du près : La tension de chute.

    Observons le comportement de la chute lorsque le hale-bas est progressivement choqué à partir d'un réglage de près (très forte tension) (schéma 3). Dans un premier temps, la voile se creuse, sans modification du vrillage de la chute qui reste "fermée" (a). Puis, à partir d'une certaine limite, l'inverse se produit : le creux n'augmente plus de façon significative mais le vrillage de la chute s'accentue (b).

    Bien sûr, dans la réalité, les choses ne sont pas aussi tranchées et la limite en question est en fait une zone de transition. C'est précisément cette zone de transition qui sera recherchée et dans laquelle se situe le réglage idéal.

    En effet, si le hale-bas est choqué au delà, la chute vrille excessivement et cela entraîne deux conséquences négatives. La première est une diminution de l'intensité de la force aérodynamique. La deuxième se manifeste principalement au vent arrière et se traduit par une forte instabilité latérale du bateau qui tend à contre-gîter brutalement dans la risée.

    Ceci se solde par la génération d'un roulis rythmique conduisant à de nombreux dessalages chez les débutants. L'explication est simple (schéma 4). Si le hale-bas est trop choqué, la chute, insuffisamment tenue, va "basculer" (c'est-à-dire vriller) dans la risée. Le plan de voilure étant très ouvert (perpendiculaire à l'axe du bateau), une composante de contre-gîte apparaît alors.

    Le relâchement du hale-bas au portant, dans les limites à l'instant définies, présente un autre intérêt. Il élève la bôme au-dessus de l'eau. Ceci accroît la tolérance du bateau à la gîte, qui serait extrêmement faible en conservant des réglages de près. En effet, au portant, l'angle voile-bateau étant ouvert, une gîte, même faible plongera l'extrémité de la bôme dans l'eau. Dans la brise, cela entraîne irrémédia- blement le dessalage car sous l'effet du déplacement relatif de l'eau par rapport au bateau, la voile sera entraînée vers l'arrière, donc bordée. La gîte va donc s'accroître, la voile se border plus encore... Le cercle vicieux est établi et ne sera rompu que par le dessalage.

  • ROLE DE LA DERIVE
  • La dérive n'a pas, au portant, le rôle essentiel qu'elle a au près dans la création d'une force s'opposant à la composante de dérive de la force aérodynamique. Elle est toutefois loin d'être inutile et il ne faut surtout pas, en Laser, la retirer totalement, comme on peut le voir parfois chez des stagiaires. Certes, il est judicieux de la relever en partie puisque :

    Mais il faut la conserver partiellement immergée (entre un tiers et la moitié de la surface immergée au près) car elle joue au portant un rôle équilibrateur important. Au vent arrière, en particulier, elle limite les oscillations liées au caractère instable de cette allure. Au largue, elle permet d'assurer une trajectoire rectiligne selon l'axe du bateau.

    Enfin, en cas de dessalage, il est préférable d'avoir la dérive engagée dans le puits ! A ce sujet, profitons en pour noter l'importance de la tension de l'élastique de dérive. Il cale la dérive dans le puits et l'y maintient réglée, empêchant en particulier qu'elle ne s'échappe en cas de retournement complet du Laser.

    Notons également que le maintien d'une stabilité latérale est important pour conserver une propulsion optimale. Le roulis crée des perturbations de l'écoulement du vent dans la voile.

     

  • PRISE DE L'ECOUTE EN DIRECT
  • Il est commun d'observer, chez de nombreux laseristes et dans certaines conditions, une prise de l'écoute "en direct", c'est-à-dire avant son passage dans la poulie-winch.

    Par esprit d'imitation, de nombreux stagiaires en perfectionnement systématisent cette conduite. Une mise en garde nous semble donc nécessaire. Si cette technique peut présenter l'intérêt d'améliorer les sensations de tension d'écoute en éliminant une source de frottements, elle a également des inconvénients :

    Ainsi, il convient de ne pas systématiser ce type de prise. Intéressant dans le petit temps, la plupart des laseristes l'abandonnent dans la brise. Par contre, dans le même souci d'augmenter la sensibilité de l'écoute, on pourra, en prise "normale", débrayer la poulie-winch pour la placer en rotation libre.