L’échelle Beaufort appliquée à la pratique du Laser
Georges During, Sylvie Harlé et Jérôme Roch, d’après un texte anglais d’Helen Gerald

Force 0 : Calme plat

Tout le monde reste au bar, à moins qu’il ne faille absolument valider une Nationale. Les laséristes emploient leur temps à faire un peu de gel coat et à changer quelques bouts.

Symptômes post-Laser : aucun.

Force 1 : Très légère brise

Aucun problème pour gréer. Tout le monde s’assoit devant la dérive et fait légèrement gîter le bateau. Les virements bascule un peu trop prononcés se finissent par un bain forcé, sous les éclats de rire, applaudissements et vivas du reste de la flotte. Corinne JULLION trouve LA SEULE RISEE du plan d’eau, tordue de surcroît, qui l’emmène en un seul bord vers la ligne d’arrivée. Gérard DE ROFFIGNAC est préoccupé : il n’y a vraiment pas assez de vent pour lui.

Symptômes post-Laser : jambes ankylosées d’être resté immobile, coup de soleil sur le nez.

Force 2 : Légère brise

La position dans le bateau devient plus confortable, bien assis sur le caisson. Les virements bascule sont indispensables. Le vent est idéal pour les débutants. Gérard est un peu soucieux : il trouve que le vent est un peu faible pour qu’il avance bien.

Symptômes post-Laser : sentiment général de bien-être.

Force 3 : Petite brise

Les plus légers planent au largue. Les plus lourds les regardent s’envoler avec envie. Jojo (Joseph GARREAU) est scotché et se fait passer par toute la flotte. C’est décidé : il arrête le Laser et se remet au vélo ! Pour les meilleurs, l’empannage bascule est encore possible. Avant d’aller sur l’eau, les dilemmes sont insoutenables : écoute de brise ou pas ? culotte de rappel ou pas ? petit déjeuner avec pâtes et Nutella ou pas ? Pour Gérard, c’est le temps idéal. Il a cependant quelques craintes : la force du vent pourrait changer !

Symptômes post-Laser : petit sourire de contentement au coin de la bouche.

Force 4 : Jolie brise

Mettre son gréement dans le pied de mât devient difficile pour les moins costauds. Tout le monde plane au portant. Les sécus apparaissent aux bouées d’empannage , dans l’espoir d’un peu de spectacle et d’action. Les empannages bascule sont totalement involontaires ! Au vent arrière, les moins expérimentés tombent sous le coup de roulis rythmiques rapidement fatals. Gérard part sur l’eau un peu tendu : le vent est un tout de même un peu fort.

Symptômes post-Laser : grands sourires de satisfaction et exploits à se raconter devant une bière.

Force 5 : Bonne brise

Frapper le point d’écoute en bout de bôme requiert force, détermination et patience. Sur l’eau les débutants sont coincés face au vent ou essuient leur enième " roulis rythmique + dessalage " de la journée. Les autres commencent à souffrir au rappel maximum sauf Jojo, qui décide de retirer de la vente son Laser. Gérard angoisse : et dire que ça pourrait encore monter !

Symptômes post-Laser : grande assiette de pâtes, des fois que le vent tienne jusqu’au lendemain.

Force 6 : Vent frais (les navires de faible tonnage rejoignent le port le plus proche)

Un petit coup de main des copains n’est pas de trop pour mettre son gréement dans le pied de mât. " Bordel de M... J’arrive pas à attacher cette saleté de connerie de petit bout de point d’écoute !!! ". 30 secondes avant chaque départ, un concert de " crouuuik " caractéristiques de l’étarquage de hâle-bas se fait entendre dans l’ensemble de la flotte. De même, l’oeillet de cunningham gémit à l’étarquage.

Symptômes post-Laser : mal au portefeuille pour cause de remplacement du haut de mât flambé, du bas de mât déformé, de la voile devenue creuse et de la bôme cintrée.

Force 7 : Grand frais

Il devient absolument indispensable de gréer cunningham et bordure avec sa voile à plat sur le sable. On se met à trois pour mettre le gréement dans le pied de mât. L’étarquage optimum du cunnigham s’obtient à deux mains, pieds de part et d’autre de la dérive, fesses au fond du cockpit. Le réglage du hâle-bas au portant consiste à choisir entre :

Symptômes post-Laser : voix enrouée d’avoir crié alternativement de terreur et de bonheur, bras courbatus, cuisses douloureuses, genoux en compote, jambes meurtries.

Force 8 : Coup de vent

Tout le monde manque à virer, à part les caïds de la flotte. Les bords de vent arrière sont terrifiants, les bords de largue hallucinants, le près quasi-impossible. Les embruns chargent les cils de sel et aveuglent : " Mais où est donc la bouée ? ". A la bouée sous le vent le choix est possible entre empanner (dessaler immédiatement) et " faire le 8 " (manquer à virer et dessaler).

Symptômes post-Laser : bouche pâteuse d’avoir ingurgité tant d’eau salée lors des dessalages.

Force 9 : Fort coup de vent

" Si seulement j’avais un gréement 4.7 !!! " Gilles GLUCK se félicite d’avoir amené sa planche de fun ! Ceux qui n’ont pas amené la leur sont tous rentrés vers le Yacht Club afin de siroter une bière en regardant les dingues qui sont sortis sur l’eau : gréer son Laser seul devient alors impossible.

Symptômes post-Laser : aucun sauf pour les adeptes du funboard, qui vont encore nous gonfler à raconter leurs exploits sur l’eau.

Force 10 et au-delà : Tempête, violente tempête et ouragan (les laséristes de moins de 12 ans volent)

On s’abrite sous la couette et on espère qu’on a suffisamment bien arrimé les coques des Laser pour qu’elles ne s’envolent pas !